ImageSon Excellence Monsieur le premier ministre du gouvernement du Maroc,
Objet : Au sujet des arrestations des militants amazighs du village de Taghjijt.
Votre Excellence Monsieur le premier ministre,
Permettez-moi de m’adresser à vous au sujet des détenus du village de Taghjijt, province d’Agoulmim, pour exprimer notre solidarité la plus ferme avec les détenus et dénoncer les arrestations arbitraires dont les défenseurs de l’amazighité sont victimes au Maroc. L’Association Tamaynut France que je préside se fait précisément fort de défendre et promouvoir l’identité et les droits des Amazighs au Maroc comme en France. Vous n’êtes en effet pas sans savoir que trois étudiants, (Mohmmed Chouis, Abdlaziz Sllami, Ahmed Habibi), El-bachir Hzzam (le blogueur), Abdallah Boukfou (propriétaire d’un cyber café), et Boubker El Yadib, défenseur des droits de l’Homme et membre du Bureau national de l’organisation Tamaynut ont été arrêtés en janvier 2010. Ces jeunes, animés par la volonté de participer au développement social, économique et culturel de leur région, avaient participé le 1er décembre 2009 à une manifestation pacifique pour des droits légitimes exigeant, parmi d’autres revendications socio-économiques, la réduction du prix de la carte de transport des étudiants entre Taghjijt et Agadir, l’ouverture d’une bibliothèque dans leur village. Ces manifestants demandaient également la reconnaissance et la valorisation de leurs droits linguistiques et culturels amazighs.
L’Etat marocain, plutôt que de répondre favorablement à ces revendications qui constituent le minimum pour une vie humaine, n’a trouvé de réponse que la répression et l’arrestation de ces personnes qu’il considère comme instigatrices de la manifestation. Par cette réaction, le pouvoir marocain contredit ouvertement tous ses discours produits depuis dix ans autour de l’équité et la réconciliation, l’instauration d’un Etat de droit, la rupture avec les années de plomb, le respect des droits de l’Homme, et la reconnaissance de l’amazighité. Il confirme une fois de plus qu’il reste toujours fidèle à ses anciennes méthodes de répression et son approche sécuritaire envers toute revendication, aussi légitime soit-elle, qu’il perpétue ainsi. Pire, au-delà de cette répression inacceptable, les autorités marocaines inventent aujourd’hui une accusation qu’elles préfèrent appeler pour la première fois, « incitation à la haine raciale » pour attaquer les défenseurs des droits amazighs. Venant contredire le discours officiel qui insiste sur le fait que « l’amazighité est une responsabilité nationale », cette accusation n’a que pour seul objectif que d’empêcher les Marocains à exprimer leur attachement à l’amazighité.
Excellence,
Au moment où nous dénonçons ces arrestations arbitraires, notre association exige que l’Etat marocain change son approche envers tous les mouvements de protestation qui expriment la volonté de vivre dans la dignité humaine tels qu’ils se développent notamment à Azaghar (Moyen Atlas), Boumal n Dadès (Sud-est) ou encore, Sidi Ifni et Taghjijt (Sud). Nous demandons que l’Etat mette un terme à ses méthodes de répression et d’emprisonnement de militants, tel Chakib El Khiari, le président de l’Association Rif pour les droits de l’homme, d’étudiants du mouvement amazigh, de journalistes, à savoir, autant de personnalités qui aspirent à un Maroc qui reconnaisse et respecte les droits démocratiques. Enfin, nous demandons que l’Etat marocain reconnaisse pleinement l’amazighité du Maroc en commençant par une reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue officielle et qu’il renonce à sa vision folklorique de la culture qui présente les Amazighs comme un simple objet ethnographique.
Excellence,
Par cette lettre, nous exprimons notre solidarité avec les détenus de Taghjijt pour lesquels nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle.
Nous vous prions d’agréer, votre Excellence, l’assurance de notre haute considération.
Signée
L’association Tamaynut-France
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